Kony rejette la date limite des pourparlers
Les tensions augmentent alors que le chef rebelle prétend que le président ougandais fait pression sur lui pour qu’il signe un accord de paix.
Kony rejette la date limite des pourparlers
Les tensions augmentent alors que le chef rebelle prétend que le président ougandais fait pression sur lui pour qu’il signe un accord de paix.
“Museveni donne des dates limites déraisonnables,” a indiqué Kony lors d’une conversation téléphonique récente avec Norbert Mao, président du Conseil de district de Gulu. “La date butoir du 31 janvier est déraisonnable. Ces menaces de Museveni minent le processus de paix.”
Kony insiste sur son engagement pour la paix, mais Museveni a mis en garde que l’armée ougandaise est prête pour lui s’il retourne faire la guerre.
Fin décembre, Museveni a déclaré que l’armée avait utilisé les 18 derniers mois de paix relative pour se préparer à tout affrontement armé à venir si les rebelles de Kony devaient essayer de revenir au nord de l’Ouganda.
“Nous voulons que Kony et les autres sortent de manière paisible. S’ils ne le font pas,…l’armée est prête à tout,” a déclaré le président.
“L’armée est plus forte que jamais. Plus personne ne va jamais causer de problèmes en Ouganda au moyen d’une arme. Plus d’armes. S’il y a quelque chose, nous devrions utiliser nos bouches.”
Kony a cependant catégoriquement rejeté la date butoir de Museveni.
“Pourquoi devrions-nous avoir une date butoir?” s’est plaint Kony, selon Mao. “Si des dates butoir doivent être imposées, cela devrait être fait par Juba, et non pas Kampala, Arusha ou Addis Abeba. Pourquoi ne peut-il pas laisser les choses se faire à Juba?”
“Nous n’avons pas encore achevé nos consultations,” a poursuivi Kony, comme l’a indiqué Mao, qui est devenu un ami et confident du chef rebelle.
Kony faisait référence à la délégation rebelle qui a parcouru le nord de l’Ouganda pendant six semaines, au cours desquelles des membres ont consulté des victimes de l’insurrection menée par l’ARS, sur les questions d’imputabilité et de réconciliation inhérentes au projet d’accord de paix de Juba.
Kony est recherché par la Cour pénale internationale, CPI, aux côtés de trois commandants principaux pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
L’armée de Kony a, depuis 1986, mené une guerre semblable à une guérilla au nord de l’Ouganda, et qui a déplacé plus de 2 millions de personnes et aurait fait quelques 100 000 morts. En même temps, ses forces ont enlevé près de 40 000 personnes, des enfants pour la plupart, qui ont été utilisés comme soldats et esclaves sexuels.
Mao a indiqué que Kony avait aussi rejeté les affirmations de Museveni qu’il retarderait les pourparlers de paix pour récupérer des armes enfouies et planifier une nouvelle offensive militaire dans le nord ravagé par la guerre.
“On me juge mal,” aurait déclaré Kony. “Je n’ai envoyé personne chercher des munitions ou des armes. Je ne vais pas attaquer ou déclarer la guerre.”
Kony est cependant resté silencieux quant au destin de son ancien second de commandement, Vincent Otti, qui, selon Museveni, aurait été tué par Kony suite à un différent relatif aux pourparlers de paix et à des accusations de déloyauté.
Otti était considéré comme un personnage pour le succès des pourparlers car il était facilement accessible aux médias et avait fortement milité en faveur de la fin d’un conflit de 20 ans.
Suite aux commentaires de Kony, les négociateurs de l’ARS ont indiqué que la date butoir du 31 janvier n’était pas possible parce qu’ils n’avaient pas été en mesure d’atteindre le camp de Kony dans le parc de la Garamba en République démocratique du Congo, RDC.
Avant que les pourparlers puissent reprendre à Juba, les membres rebelles qui ont pris part à la tournée de six semaines dans le nord doivent discuter de leurs conclusions avec Kony, a indiqué Martin Ojul, le chef de la délégation de l’ARS.
L’équipe doit obtenir l’avis de Kony sur les questions d’imputabilité et de réconciliation a-t-il dit, avant de discuter des sujets restant de l’accord de paix -un cessez-le-feu permanent, la démobilisation, le désarmement et la réintégration des rebelles.
“Le processus de paix est en cours,” a indiqué Ojul à l’IWPR cette semaine. “Kony lui-même s’engage pour le processus de paix.” Ojul a rejeté toute date butoir car, selon lui, il y avait un certain nombre de questions liées à l’accord de paix qui n’étaient toujours pas résolues, “Tout ceci ne peut être fait en deux ou trois semaines.”
D’autres membres de l’équipe de consultation rebelle ont exprimé le même avis.
Yusuf Adek, un conseiller supérieur de Kony, a indiqué, “Les pourparlers de paix [sont] un processus. Cela prend du temps. L’ordre qui nous a été donné de signer un accord de paix le 31 janvier n’est pas réalisable pour nous.”
Ojul a indiqué à l’IWPR que l’ARS ne se laisserait pas intimider par les commentaires de Museveni et que le président avait imposé des dates butoir au préalable mais avec peu d’effet.
“Ce n’est pas la première fois que Museveni émet de telles menaces et qu’il impose des dates butoirs. Nous sommes dévoués à la conclusion des pourparlers,” a-t-il dit.
Ruhakana Rugunda, le ministre de l’intérieur ougandais, a cependant indiqué que l’ARS ne peut oublier que plus de 1,7 millions de réfugiés déplacés sur le territoire attendent la signature d’un accord de paix, avant de pouvoir rentrer chez eux.
“Nous avons mené notre dialogue depuis un an et demi,” a indiqué Rugunda à l’IWPR. “Nous voulons qu’un accord de paix soit signé dès que possible pour que nous puissions rediriger nos énergies vers la réhabilitation et la reconstruction des zones frappés par les troubles.
“Le gouvernement continuera à travailler à la conclusion expéditive des pourparlers de paix pour qu’un accord de paix final durable soit signé par les deux parties.”
Bien que la délégation de l’ARS ait rejeté la date butoir, Ojul s’est envolé pour Juba cette semaine, pour y rencontrer Riek Machar, le vice-président du Sud Soudan, qui fait office de médiateur dans les pourparlers.
Les deux hommes devaient discuter d’un accord pour que l’équipe rencontre Kony. La délégation a apparemment été gênée par un manque de fonds, qui sont octroyé par une tierce partie.
Ils n’ont pas payé un certain nombre de notes d’hôtel lors de leur tournée précédente. Certains membres ont été temporairement retenus dans leurs chambres jusqu’à ce que les sommes impayées le soient.
Samuel Okiror Egadu est un journaliste de l’IWPR en Ouganda.