La Défense met la crédibilité des témoins en cause
Elle accuse le Procureur de briefer les témoins, empêchant un procès équitable.
La Défense met la crédibilité des témoins en cause
Elle accuse le Procureur de briefer les témoins, empêchant un procès équitable.
Catherine Mabille, qui dirige l’équipe de la Défense, a déclaré que son équipe allait demander aux juges de stopper la procédure après la présentation de 16 témoins qui vont, entre autres, montrer que tous les témoins présentés par l’Accusation comme d’anciens enfants soldats étaient faux.
Elle a déclaré que les témoins, et dans certains cas leurs parents, avaient délibérément menti à la Cour, et qu’ils avaient été aidés par des agents du Bureau du Procureur à fabriquer leurs témoignages.
“La Défense a l’intention de montrer que six d’entre eux n’ont jamais été des enfants soldats, le septième ayant menti sur son âge et les conditions dans lesquelles il a été enrôlé, et le huitième n’ayant jamais appartenu à l’UPC [Union des Patriotes congolais],” a-t-elle dit.
Lubanga, fondateur de l’UPC selon la Cour pénale internationale, CPI, est accusé d’avoir enrôlé, conscrit et utilisé des enfants soldats dans des conflits armés en 2002 et 2003.
La CPI accuse aussi Lubanga d’avoir été le commandant en chef des Forces patriotiques pour la libération du Congo, FPLC, qui avaient utilisé des enfants soldats dans des combats interethniques en République démocratique du Congo.
La Défense a déclaré qu’il ne serait pas possible de garantir un procès équitable alors qu’une importante partie du procès était basée sur des preuves fabriquées.
“Comment les juges peuvent-ils mener leur rôle à bien, c’est à dire rechercher et établir la vérité, si le témoignage qu’ils ont entendu est le résultat d’un effort concerté pour les tromper?” a interrogé Mabille.
Le premier témoin qui a comparu pour la Défense a déclaré à la Cour que, bien que son fils n’ait jamais servi dans le moindre groupe de milice, une organisation qui avait promis de donner un travail au garçon l’avait ensuite proposé comme enfant soldat.
L’organisation non identifiée avait également dupé la mère et l’oncle de l’enfant, leur faisant croire qu’elle allait offrir une bourse au garçon, a déclaré le témoin.
Cette organisation avait des bureaux dans la ville de Beni, au nord-est du Congo et à Kinshasa, la capitale, a déclaré le témoin.
La partie du témoignage faite en séance publique – la majorité des déclarations ayant été faites à huis clos – n’a pas permis de déterminer si le fils du premier témoin de la Défense avait auparavant comparu comme témoin de l’Accusation et prétendu être un enfant soldat.
Auparavant, lors de sa première déposition, le témoin avait dit qu’en 2002 et 2003 il était chez lui avec son fils et qu’à aucun moment le garçon n’avait servi dans un groupe de milice.
Il a déclaré qu’en 2007 son fils s’était enfui de chez lui et avait commencé à habiter chez une tante. C’était pendant qu’il était là-bas qu’il avait rencontré les membres de l’organisation non identifiée qui avaient ensuite été responsables de son enrôlement comme enfant soldat.
La Défense a soutenu que les témoins de l’Accusation avaient été encouragés à mentir sur un nombre de points spécifiques, en particulier leur nom, le nom de leurs parents et les écoles qu’ils avaient fréquentées.
“Cela a été fait pour qu’il soit plus difficile de vérifier les informations les concernant," a déclaré Mabille. “Ils étaient encouragés à mentir au sujet de leur âge et de leur appartenance à un groupe armé afin de correspondre aux chefs d’accusation retenus contre M. Lubanga.”
Mabille a expliqué que la Défense n’avait pas l’intention de montrer qu’il n’y avait pas de mineurs parmi les rangs du FPLC, mais que Lubanga n’avait pas pris part au recrutement des enfants soldats. Au lieu de cela, il aurait essayé contre vents et marées de démobiliser les enfants combattants qui étaient au sein du FPLC, a-t-elle dit.
“Les témoins de la Défense vont présenter des preuves pour montrer que Thomas Lubanga, le chef politique n’a joué aucun rôle actif dans la création des forces militaires de l’UPC et qu’il n’a en aucune manière délibérément pris part à un plan commun visant à recruter des mineurs,” a déclaré Mabille.
Pour protéger son identité, le témoin s’exprimait hors de la vue du public, son visage et sa voix étant floutés. Les avocats de la Défense ont expliqué au début de son témoignage que le témoin avait prévu de s’exprimer en session publique, mais qu’il avait ensuite indiqué qu’il voulait bénéficier de mesures de protection pour des raisons de sécurité.
Ce témoin poursuivra sa déposition la semaine prochaine.
Les mises à jour quotidiennes de l’IWPR sur le procès de Thomas Lubanga sont produites en coopération avec l’Open Society Justice Initiative of the Open Society Institute, OSI. La couverture quotidienne du procès est disponible sur www.lubangatrial.org.