La police peine à contrôler la foule
Les habitants affirment que les officiers n’arrivent pas à faire face lorsque la violence éclate lors de rassemblements publics.
La police peine à contrôler la foule
Les habitants affirment que les officiers n’arrivent pas à faire face lorsque la violence éclate lors de rassemblements publics.
Face à des foules bagarreuses, les officiers de police s’en remettent souvent à leurs armes, tirant en l’air pour essayer d’apporter un peu de calme à la situation.
Mais les critiques soutiennent que ce n’est pas la meilleure méthode pour maintenir l’ordre et que cela peut entraîner la panique au sein de la foule, provoquant des blessures.
Les matchs de foot sont de fréquentes sources de conflit entre la police et les foules.
Exprimant les inquiétudes de nombreux parents, Daniel Salumu, un habitant de Lubumbashi a déclaré qu’il n’autoriserait pas son fils à assister aux matchs, parce que la police n’était pas capable de faire face si la violence éclatait.
“La police sous-équipée ne peut pas les protéger,” a-t-il dit. “J’ai été témoin de nombreux incidents au stade de Kenya [à Lubumbashi, la capitale du Katanga], où des fauteurs de trouble s’en prennent à la police en lui jetant des pierres. En réponse, la police tire en l’air, alarmant ceux qu’elle est censée calmer.”
Les officiers de Police reconnaissent qu’il y a des problèmes mais accusent le manque d’équipements essentiels – tels que des boucliers ou des bombes de gaz lacrymogènes – pour justifier leur échec à contrôler d’importantes foules.
“Nous n’avons pas le matériel nécessaire pour maintenir l’ordre dans de telles situations,” explique Dedy Tshiyombo, un officier de police de Lubumbashi. “Souvent, nous sommes obligés de tirer en l’air, non pas parce que nous perdons le contrôle de la situation, mais pour notre autodéfense. Un policier a le droit de survivre et, s’il n’agit pas de cette manière, il pourrait perdre la vie.”
Mais en général, ce sont les manifestants, plutôt que la police, qui sont blessés lorsque les officiers perdent le contrôle d’une grande foule.
Deux personnes avaient été gravement blessées à la fin du mois de novembre lorsqu’une marche de 1 000 étudiants de l’Université de Lubumbashi avait mal tourné.
Les étudiants se dirigeaient vers le bureau du gouverneur provincial du Katanga pour protester contre une brusque augmentation des frais d’université, qui devraient augmenter de 100 à 400 dollars US pour la prochaine année académique.
La police avait érigé des barrières pour garder les manifestants à distance des bureaux du gouvernement, mais des témoins oculaires ont indiqué que ceux-ci avaient réussi à les escalader sans difficulté et avaient commencé à jeter des pierres en direction de la police.
La police avait tiré au dessus des têtes des étudiants et bien que personne n’ait été touché, des dizaines de participants auraient été blessés dans la panique qui avait suivi.
Gilbert Nduwa, un habitant de Lubumbashi qui a assisté à l’incident, a déclaré que les officiers semblaient inexpérimentés et mal préparés.
“Les policiers ont attendu le dernier moment pour intervenir,” a-t-il dit. “La manifestation a commencé depuis le campus de l’université, à près de cinq kilomètres du centre-ville.
“Pourquoi la police n’est-elle pas sortie plus tôt pour encadrer les manifestants, et les accompagner paisiblement vers le bâtiment du gouvernement? Ils ont attendu que les étudiants atteignent le centre ville [avant de réagir].”
Mais un policier, qui était impliqué dans la sécurité du bâtiment administratif de l’université, a déclaré que les officiers n’avaient pas d’autre choix que de sortir leurs armes.
Parlant sous condition d’anonymat, il a déclaré, “Notre travail est trop difficile. Parfois on nous demande des choses impossibles. Nous n’avons pas le matériel approprié pour repousser les manifestants. Regardez-moi. J’ai seulement mon arme. C’est mon seul moyen de défense. Si je ne l’utilise pas lorsque je suis face à une agression, cela signifie que j’accepte d’être tué ou gravement blessé.”
Les membres d’une unité de réponse spéciale formée l’année dernière pour mettre en place un meilleur système de contrôle des foules ont été déployés pour encadrer la manifestation mais ont du être appuyés par des officiers de métier.
L’unité forte de 50 hommes, créée en mai 2008, est spécialement entraînée à calmer des manifestations de rue sans recourir aux les armes à feu.
"L’unité de réponse spéciale ne porte pas d’armes,” a expliqué un officier de police, qui a parlé sous condition d’anonymat. “Ils ont des boucliers, des gaz lacrymogènes et d’autres moyens pour aider à contrôler la foule.”
Les analystes indiquent que tous les officiers de police ont besoin de ce genre d’entraînement spécial pour gérer les foules potentiellement hostiles. C’est une question à laquelle se consacre le Centre Carter, une ONG des droits de l’homme basée aux États-Unis, avec des programmes de formation de la police dans la capitale, Kinshasa, le district de Tchangu juste à l’est de la capitale, et Lubumbashi.
Borris Nzanga, responsable du bureau local du centre Carter à Kinshasa, explique que l’organisation a jusqu’à présent formé près de 350 officiers de police dans le pays, y compris un certain nombre d’officiers supérieurs, capables d’être déployés et de reproduire le cours de formation pour d’autres officiers.
Nzanga a déclaré que les armes devraient seulement être un moyen de dernier recours pour maintenir la paix, se reportant au Code de conduite des Nations Unies de 1979, pour les responsables de l’application des lois, qui expose que l’emploi d’armes à feu est considéré comme un “moyen extrême”, et que tout effort doit être fait pour exclure leur utilisation.
“Nous apprenons aux officiers de police qu’ils doivent exercer une certaine retenue lorsqu’il s’agit d’utiliser les armes,” a déclaré Nzanga.
Héritier Maila est un reporter formé par l’IWPR.