Ntaganda “prêt” à affronter la justice

Mais il indique qu’il ne se soumettra pas à la CPI tant que la paix ne sera pas revenue dans la région du Nord Kivu ravagée par la guerre.

Ntaganda “prêt” à affronter la justice

Mais il indique qu’il ne se soumettra pas à la CPI tant que la paix ne sera pas revenue dans la région du Nord Kivu ravagée par la guerre.

Le fugitif de la Cour pénale internationale, CPI, Bosco Ntaganda a indiqué qu’il est prêt à affronter les Procureurs de La Haye – mais pas encore.



“Je me rendrai à La Haye au moment opportun,” a indiqué Ntaganda à l’IWPR lors d’une réunion avec des journalistes le 8 janvier dernier à son quartier général de la ville de Kabati, dans l’est de la République démocratique du Congo, RDC, à 45 kilomètres de Goma, la capitale provinciale.



En avril 2008, la CPI avait dévoilé un mandat d’arrêt à l’encontre de cet homme âgé de 35 ans et connu sous le nom de Terminator. Il est accusé de crimes commis dans le district de l’Ituri, dans l’est de la RDC, y compris le recrutement d’enfants soldats pour les faire combattre au sein des Forces patriotiques pour la libération du Congo, FPLC, en 2002 et 2003.



Les FPLC, au sein desquelles Ntaganda était un personnage clef, est l’aile militaire de l’Union des Patriotes Congolais, UPC de Thomas Lubanga Dyilo. Lubanga est en détention à la CPI et devrait y être jugé à partir du 26 janvier.



Ntganda a quitté l’Ituri en 2006 et s’est dirigé vers le Nord Kivu pour y rejoindre le Congrès national pour la défense du peuple, CNDP du général Laurent Nkunda – un groupe rebelle tutsi qui se bat contre l’armée et les milices hutus rivales.



Il est devenu le second de commandement de Nkunda et était en charge de la campagne militaire récente au Nord Kivu qui a amené le CNDP dans la périphérie de Goma. Cependant, les deux hommes se sont brouillés depuis et Ntganda prétend avoir renversé Nkunda – une information vigoureusement démentie par le général rebelle.



Nkunda insiste sur le fait qu’il reste en charge des opérations et a indiqué qu’il va convoquer une audience disciplinaire pour s’occuper du cas de Ntganda.



“Je continue à considérer Bosco Ntaganda comme mon chef d’état major. Une réunion de haut commandants devrait être organisée prochainement pour décider du sort de Ntaganda étant donné cette dangereuse décision qu’il a prise,” a indiqué Nkunda.



Escorté par quatre hommes armés, Ntaganda a parlé depuis sa ferme de Kabati de ses griefs contre Nkunda.



“Il y a des plaintes de la part de membres du CNDP [au sujet de] la mauvaise gestion politique et financière de Nkunda,” a-t-il dit. “Cela fait 18 ans que je suis un rebelle et je n’ai pas pu accepter que Nkunda ait recours à des…mauvaises pratiques.”



Il a accusé Nkunda d’avoir bloqué le processus de paix au Nord Kivu et a présenté sa propre vision des choses pour mettre un terme au conflit qui a coûté la vie à des centaines de personnes et provoqué le déplacement de milliers d’autres.



Ntaganda a offert ses troupes du CNDP pour combattre aux côtés de l’armée Congolaise afin de désarmer les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, FDLR composées de Hutus rwandais.



“Les [FDLR] sont une source de conflit dans la région,” a indiqué Ntaganda.



“Etant donné que [Nkunda] n’a pas pu nous donner d’idée claire sur la manière de mettre fin à ce [problème], j’ai conseillé à nos commandants militaires et aux membres du CNDP de l’écarter pour que nous puissions rejoindre le programme de paix.



“Le CNDP va travailler avec les forces du gouvernement congolais pour mettre fin à ce problème des FDLR. C’est aussi un bon début pour la réconciliation. Les déplacés internes et les réfugiés congolais pourront alors rentrer chez eux.”



Les soldats du CNDP sont accusés d’avoir commis de nombreuses atrocités dans l’est du Congo au cours des dernières années, y compris à Bukavu en 2004 et récemment dans la ville de Kiwanja au Nord Kivu où Human Rights Watch a fait état de l’exécution sommaire de plus de 150 personnes, très probablement tuées par les troupes du CNDP.



Pour le moment, il n’est pas clair qui dirige le CNDP, Ntaganda et Nkunda déclarant tout deux être en charge des opérations.



Les deux hommes ont leurs sympathisants mais Séraphin Mirindi, le porte-parole militaire du CNDP, a indiqué qu’il soutient Nkunda.



“Bosco Ntaganda avait des problèmes en Ituri et nous l’avons accepté ici. Il n’avait pas de troupes avec lui et n’a pas ramené une seule arme. Comment peut-il maintenant prétendre écarter Nkunda?” interroge Mirindi.



Ntaganda pense cependant qu’il a la majorité du CNDP à ses côtés. “Je ne veux pas tuer Nkunda ni ses enfants, étant donné qu’il est mon frère. Je suis prêt à lui laisser sa ferme et d’autres propriétés, mais il faut qu’il arrête de diriger le CNDP,” a-t-il indiqué.



Ntaganda est un ressortissant rwandais s’étant battu avec l’armée patriotique rwandaise, qui avait renversé le gouvernement de Kigali après le génocide de 1994.



Il est également recherché par les autorités congolaises qui ont émis un mandat d’arrêt contre lui en avril 2005. Le Procureur de Bunia accuse Ntaganda de crimes comprenant l’arrestation arbitraire, la torture, l’assassinat et la détention illégale.



Il affirme qu’il aurait été impliqué dans le meurtre d’un casque bleu kenyan et dans l’enlèvement de casques bleus marocains en 2004. Il est également impliqué dans le meurtre de deux travailleurs humanitaires en 2005 et de nombreuses attaques sur des villages en Ituri.



Human Rights Watch indique que les troupes sous le commandement de Ntaganda ont tué des civils des groupes ethniques lendu et ngiti dans le village de Songolo en 2002 et attaqué la ville minière d’or de Mongbwalu où 800 civils ont péri.



Ntaganda a déclaré aux journalistes qu’il ne comprenait pas pourquoi il avait été visé par la CPI.



“Effectivement, je me suis battu au cours de la guerre en Ituri, mais il y avait d’autres dirigeants. J’étais simplement un chef d’état major,” a-t-il dit.



“Je n’étais pas une personnalité importante dans notre mouvement et je me demande pourquoi je devrais être poursuivi. C’est uniquement parce que je ne suis pas natif de l’Ituri.”



Ntaganda a déclaré qu’alors qu’il ne craint pas de comparaître devant la CPI, il ne se rendra pas à La Haye tant que le Nord Kivu sera dans la tourmente.



Il prétend qu’il a encore des sympathisants en Ituri, qui ne se remettent que maintenant du conflit brutal sur place, comparé en intensité au génocide rwandais.



“Il y a des choses positives que j’ai faites en Ituri. Si vous demandez aux gens, ils vous diront que je suis celui qui a mis fin à la guerre et personne d’autre,” a-t-il dit.



“A l’époque, je leur disais que la guerre n’était pas une bonne chose et que nous devrions nous rencontrer et discuter. Je suis sûr que si je dois aller à La Haye, de nombreuses personnes d’Ituri seront prêtes à me défendre.”



Jacques Kahorha est un collaborateur de l’IWPR à Goma.
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