Des témoins parlent de flagellations dans des camps d'entraînement
D’anciens enfants soldats ont parlé au procès Lubanga des épreuves endurées après leur enlèvement.
Des témoins parlent de flagellations dans des camps d'entraînement
D’anciens enfants soldats ont parlé au procès Lubanga des épreuves endurées après leur enlèvement.
Ils s’exprimaient au procès de Thomas Lubanga, l’ancien président de la milice de l’Union des patriotes congolais, UPC, accusé du recrutement, de la conscription et de l’utilisation d’enfants soldats pour les faire participer au conflit interethnique dans la région de l’Ituri en République démocratique du Congo, RDC, en 2002 et 2003.
Les témoins, dont les identités étaient protégées par des mesures de distorsion de la voix et de floutage de leur visage, ont déclaré qu’ils avaient été régulièrement fouettés dans les camps de l’UPC. Les flagellations étaient infligées indépendamment de l’âge ou du sexe, ont-ils expliqué.
“Ils nous punissaient en nous mettant dans... des trous et il fallait se tenir debout,” a déclaré l’un des témoins. Il a ajouté que les recrues qui commettaient des infractions étaient forcées à se rouler dans l’eau sale.
La défense a interrogé le témoin sur les circonstances entourant leur capture par des miliciens.
Une des victimes a expliqué que les combattants de l’UPC l’avaient enlevé et emmené dans une prison puis dans un camp, où il avait subi un entraînement militaire dans des conditions brutales.
Il a déclaré que dans les camps d’entraînement ils étaient instruits sur la manière d’assembler et de désassembler des mitraillettes, et ceux qui ne réussissaient pas ces exercices étaient fouettés. Ceux qui n’obéissaient pas aux ordres des commandants étaient également fouettés, a-t-il dit.
L’autre témoin a déclaré qu’il avait été enlevé sur son chemin du retour de l’école et emmené dans un camp d’entraînement près de la ville de Bule. Il a expliqué que les miliciens avaient refusé de dire où ils l’emmenaient, mais seulement insisté qu’il vienne avec eux.
Il y eut une certaine confusion par rapport aux dates, lorsque Marc Desalliers, l’avocat de Lubanga, demanda à l’un des témoins si il avait effectivement été enlevé dans la deuxième quinzaine du mois de février 2003 comme il l’avait auparavant indiqué à la Cour.
"Aujourd’hui, nous sommes en 2010. Il serait impossible pour moi de dire si c’était à la fin ou au début [du mois]," a déclaré le témoin. "Cette question me parait difficile et je ne peux pas donner de réponse, sauf à donner une réponse erronée."
La victime n’a pas été capable de se souvenir du mois et de la date à laquelle il avait quitté la milice, et n’a pas non plus été en mesure d’indiquer combien de temps il avait passé au sein de l’UPC.
"Nous comprenons évidemment que face à des questions portant sur les dates et les âges, en particulier pour des évènements qui se sont passés des années auparavant, vous n’allez pas vous en souvenir facilement," a déclaré le juge Sir Adrian Fulford. "Ne soyez pas gênés lorsque cela arrive...évidemment faites de votre mieux et répondez aux questions du mieux que vous pouvez, mais prenez tout le temps dont vous avez besoin pour répondre aux questions de M. Desalliers."
Le témoin a indiqué que ni ses ravisseurs ni ses formateurs ne lui avaient demandé son âge. Il a déclaré que les mêmes punitions étaient infligées aux recrues dans les camps d’entraînement de l’UPC indépendamment de leur âge ou de leur sexe.
Le Procureur Olivia Struyven a demandé au témoin l’âge des recrues dans le camp. Il a déclaré qu’il ne pouvait pas indiquer leurs âges, sauf à dire que certains avaient le même âge que lui et que d’autres étaient plus âgés. Le témoin n’a pas donné son âge en séance publique mais a parlé de son rôle d’enfant soldat. La plus grande partie de son témoignage a été donnée à huis clos.
Le témoin a indiqué à la Cour qu’au cours d’une attaque sur la ville de Bunia, il avait, aux côtés d’autres garçons, travaillé comme éclaireur et indiqué la position des combattants ennemis de l’UPC au reste des combattants. Il a déclaré qu’il avait reçu un tir dans le pied lors de la bataille de Bunia.
Il a raconté que, lors d’une autre bataille, à Mongwalu, il avait été chargé d’apporter des sacs de munitions au front. Il a déclaré que certains garçons de son âge avaient transporté des armes lors des batailles de Bunia et Mongwalu et pris part aux combats. Il n’a pas dit s’il avait fait usage d’une arme pendant qu’il était à l’UPC.
Les mises à jour quotidiennes de l’IWPR sur le procès de Thomas Lubanga sont produites en coopération avec l’Open Society Justice Initiative of the Open Society Institute, OSI. La couverture quotidienne du procès est disponible sur www.lubangatrial.org.